Le vélo au Danemark : la fin d’un mythe ?

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Dans l’inconscient collectif, un danois pédale forcément dans les rues de Copenhague… Et depuis longtemps, le Danemark est considéré comme le modèle à suivre pour tous ceux qui souhaitent développer la « mobilité douce » ou trouver une alternative à la voiture. Mais ce mythe s’effrite car le constat est là : année après année, le vélo représente une part décroissante du trafic.

Comment l’expliquer et faut-il s’en alarmer ?

Vers un manque d’engouement pour le vélo :

Chaque année, une soixantaine de délégation viennent visiter Copenhague et se pencher sur le « miracle danois » : une ville où le nombre des vélos dépasse celui des voitures… Mais est-ce l’arbre qui cache la forêt ? Car depuis de nombreuses années et sur l’ensemble du pays, la part du trafic cycliste diminue. Elle aurait ainsi de nouveau baissé de 5% entre 2015 et 2016 et de 3% depuis 2016.

« Les chiffres confirment que nous allons dans la mauvaise direction. C’est une tendance de fond depuis plusieurs années » s’alarme Jette Gotsche, la présidente du syndicat national des cyclistes (cyklistforbundet).

Les voitures gagnent du terrain : en 1993, on comptait 1,6 millions de voitures contre 2,4 millions en 2016, soit 418 voitures pour 1000 habitants (à comparer néanmoins avec la Suède (525), la France (590) ou les USA (814)). En 2016, les voitures particulières et les camionnettes représentaient donc 76,3% du transport de passagers contre 4,2% pour le vélo sachant que les voitures ont tendance à transporter moins de passagers : 1,84 personnes en 1981 contre 1,41 en 2015 et que sur la même période, le trafic vélo (y compris les petits cyclomoteurs) est passé de 3,4 milliards de kilomètres à 3,09 milliards de kilomètres …

  • Les raisons expliquant cette désaffection seraient
  • La baisse du prix des voitures
  • La possibilité de passer son permis de voiture un an plus tôt, soit 17 ans
  • Un nombre croissant de centres commerciaux en périphérie et donc difficiles d’accès
  • La fusion des districts scolaires qui rallonge les trajets pour les enfants
  • La perte d’un état d’esprit

Revenir à une culture du vélo :

« Il faut préserver la culture cycliste danoise » plaide Jette Goetsch qui souhaite continuer à promouvoir l’utilisation du vélo dans tout le pays. Ainsi, elle s’inquiète des nouvelles générations qui apprennent à faire du vélo uniquement à l’école. « Au Danemark, nous avons toujours été très fiers de faire du vélo tous ensemble. Nous ne savons pas pourquoi nous le faisons mais nous le faisons. En fait, nous avons une culture du vélo unique par rapport aux autres pays. » Selon elle, il faut responsabiliser les jeunes générations et leur permettre d’acquérir cette culture car aujourd’hui, il y a en moyenne, moins de cyclistes sur les routes qu’il y a 25 ans. « Or, moins il y a de cyclistes, moins on en fait pour améliorer leurs conditions de circulation. Nous sommes donc à une intersection. Il faut être très prudent » avertit-elle.

Le cas particulier de Copenhague :

Car ce résultat doit être nuancé. En effet le trafic cycliste, s’il diminue dans le reste du pays, augmente dans les grandes villes.

Ainsi à Copenhague, la situation serait opposée, obligeant la ville à faire face à de nouveaux défis :

  • le fait de compter 100 000 habitants en 2025 : comment gérer le flux de nouveaux vélos découlant de l’augmentation de la population ?
  • l’apparition des vélos électriques plus rapides : comment gérer la cohabitation avec les voitures classiques?

Aujourd’hui, Copenhague compte 678 000 vélos, soit 6,6 fois plus de vélos que de voitures et 41% des déplacements professionnels se font à vélo. Mais bien qu’elle y ait consacré 1 milliards de couronnes depuis 10 ans, la municipalité de Copenhague peine à réfléchir à l’adaptation d’un espace qui aujourd’hui encore, profite davantage à la voiture ( 54% de l’espace bénéficie aux voitures, 26% au trottoir, 12% au parking et 7% aux pistes cyclables) « Nous devons faire des choix difficiles par rapport à l’espace » explique-t-on du côté de la municipalité alors que l’objectif affiché pour 2025 est d’atteindre le 1/3 des déplacements à vélo, le 1/3 en transport en commun et le 1/3 en voiture.

Les projets pour 2025 ne manquent pas, qu’il s’agisse de créer 25 kilomètres de pistes cyclables supplémentaires, assurer des meilleures connexions entre pistes cyclables ou élargir les pistes cyclables existantes en passant de 2 voies à 3 voies pour donner plus d’espace aux cycles lents et éviter les congestions. Bien sur, ces projets se feront au détriment d’autres moyens de locomotion ou d’espace (stationnement de voiture, couloir de bus) mais les statistiques montrent que la création d’une piste cyclable augmente de 15 à 20% le trafic cycliste sur le trajet.

Jette Goetsch garde donc confiance même si elle souhaite rester vigilante. Au-delà de la marque identitaire, le vélo reste le meilleur moyen d‘éviter les embouteillages et le syndicat, (même s’il perd des membres) pense qu’il faut continuer à militer pour que les Danois gardent leur âme de cyclistes… Qu’ils soient des cyclistes des villes ou des champs !

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